Fraudes au chèque : comment s’en protéger ?

Le chèque reste l’un des moyens de paiement les plus exposés à la fraude en France. Alors avant d’émettre ou d’accepter un chèque, des règles d’utilisation et de prudence s’imposent…
Selon l’Observatoire de la sécurité des moyens de paiement (OSMP), le chèque ne représente plus que 2% des transactions scripturales. Mais concentre près d’un quart du total des fraudes.1
Le chèque, l’un des moyens de paiement les plus exposés à la fraude
Cette vulnérabilité s’explique par la nature même du support en papier et de sa circulation physique. En pratique, particuliers et professionnels peuvent être victimes d’une fraude, soit en tant qu’émetteurs d’un chèque (on parle alors de fraude au paiement »), soit lorsqu’ils encaissent un chèque qui s’avère frauduleux (fraude à l’encaissement »).
Les différentes formes de fraudes au chèque « au paiement »
Les principales fraudes au chèque peuvent être classées en deux catégories : le « faux chèque », et le « chèque falsifié »
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Le faux chèque
Il s'agit d'un chèque dont la signature n'est pas celle du titulaire légitime du compte. Soit parce que le chéquier a été volé, puis utilisé frauduleusement, soit parce que la signature du titulaire du compte a été imitée.
Le vol ou falsification de chéquier
Un chèque est émis à l’insu de son titulaire, à partir d’un chéquier volé, perdu, ou commandé frauduleusement. Le fraudeur remplit un chèque à son profit ou à celui d’un complice, imitant la signature du titulaire. Il peut ensuite l’encaisser sur son compte, ou celui de son complice qui peut être impliqué activement ou passivement à la fraude.L’usurpation d’identité
Le fraudeur se fait passer pour un mandataire ou un tiers autorisé, par exemple dans une entreprise ou une association, pour faire établir un chèque ou se le faire remettre. Cette technique peut impliquer une ingénierie sociale sophistiquée, mêlant appels, e-mails et documents falsifiés.
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Le chèque falsifié
À la différence du faux chèque, le chèque falsifié est un document initialement authentique, mais qui a ensuite été modifié frauduleusement. Les modifications peuvent concerner le montant (généralement augmenté) ou l'ordre (changement du bénéficiaire). Plusieurs cas de figures sont possibles.
Détournement du chèque
Le chèque est intercepté avant d’arriver au véritable bénéficiaire – souvent en étant volé dans une boîte aux lettres ou lors du transport postal. Il est ensuite encaissé frauduleusement, généralement après falsification du nom du bénéficiaire.Altération du chèque
Il s’agit ici de modifier les mentions du chèque : le nom du bénéficiaire, la date, ou plus fréquemment, le montant. Ce type de fraude peut passer inaperçu si le chèque est mal rempli ou si l’encaissement n’est pas surveillé.
Bien remplir son chèque pour éviter les risques de falsification
- Utilisez de préférence un stylo, non effaçable, à bille noire car son encre est plus difficile à maquiller.
- Ecrivez bien au début de chaque ligne ou case (pour le bénéficiaire et le montant notamment) pour ne laisser aucun espace, notamment devant les sommes en chiffres et en lettres. Tirez un trait horizontal pour compléter les parties non remplies.
- Indiquez le montant en chiffres avec une virgule et les centimes, même s'il s'agit d'un chiffre rond (exemple : 123,45 euros ou bien 100,00 euros). Ne faites ni rature ni surcharge.
- Remplissez le nom du bénéficiaire sans laisser d'espace devant. Tirez un trait sur l'espace restant derrière. Ne faites pas de chèque en blanc, vous ne maitriseriez pas au profit de qui il serait encaissé.
- Indiquez la date du jour et le lieu d'émission.
- Signez votre chèque sans déborder sur la ligne de chiffres tout en bas du chèque pour ne pas gêner le traitement. La signature doit correspondre à celle que vous avez déposée à l'ouverture du compte. Si le chèque est rempli par une machine, vérifiez-le. Signez-le après avoir vérifié la lisibilité et l'exactitude des mentions imprimées.
Les différentes formes de fraudes au chèque « à l’encaissement »
Encaisser un chèque expose également à plusieurs types de fraudes.
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Le faux chèque
C’est le cas le plus connu du « chèque en bois ». Pour procéder au paiement d’un achat ou d’une prestation, l’escroc vous remet un chèque dérobé ou modifié (montant, signature, identité du tireur). Lorsque vous déposez le chèque, il peut être rejeté par la banque émettrice après quelques jours, même si la prestation a été réalisée ou la marchandise livrée. -
L’arnaque au faux trop-perçu
Dans ce cas, l’acheteur d’un bien ou d’un service envoie un chèque d’un montant supérieur au prix convenu, puis demande un remboursement de la différence, le plus souvent par virement. Le chèque est ensuite rejeté pour vol, opposition ou absence de provision, et la victime perd à la fois l’objet vendu et la somme remboursée. -
La fraude au chèque « à la mule »
Il s’agit d’un type d’arnaque dans lequel le fraudeur demande à des personnes d’encaisser des chèques - qui lui soient destinés ou non- sur leur propre compte bancaire. Ensuite, il leur demande de récupérer en espèces les fonds encaissés ou que ceux-ci soient immédiatement transférés au fraudeur ou à un tiers. Le chèque est ensuite rejeté, laissant la victime responsable d’un éventuel préjudice, et surtout l’impliquant au montage de blanchiment d’argent, pénalement répréhensible.
Fraude au chèque : comment réagir, comment s’en prémunir ?
- En cas de perte ou de vol d’un chéquier, ou de doute sur un encaissement frauduleux, faire opposition immédiatement auprès de sa banque et rejeter le chèque. L’opposition doit être faite le plus tôt possible, idéalement avant l’encaissement du chèque.
- Ne jamais envoyer de chèque par courrier non sécurisé.
- Remplir vos chèques de manière lisible et complète (bénéficiaire, montant en chiffres et lettres, date, signature), rayer la mention « ou au porteur » si elle est présente.
- Suivre les encaissements et vérifier ses relevés régulièrement.
- Ne jamais encaisser de chèque si ce dernier ne correspond pas à une opération économique (une vente, un service…) réalisée par vous-même.
- Privilégier des moyens de paiement plus sécurisés, comme les virements ou les paiements par carte bancaire.
(1) Source : « Observatoire de la sécurité des moyens de paiement – Rapport annuel 2023 » - Septembre 2024 – Les autres chiffres cités dans cet article sont issus de ce même rapport.